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«La Dictature, c’est ferme ta gueule.
La Démocratie, c’est cause toujours.»
- Coluche
Quatre ans après le plébiscité Aimer le mal, Vulgaires Machins réanime nos platines avec un nouvel impératif : Compter les corps. Réalisé à Montréal et à New-York par Gus Van Go (The Stills, Priestess), ce disque conserve toute l’énergie héritée des premières influences du groupe. Mais Guillaume (chant, guitare), Marie-Eve (chant, guitare, piano), Maxime (basse) et Patrick (batterie) intensifient leur quête mélodique en s’inspirant des mauvais garçons du rock britannique. Sans être déconcertant, le résultat est saisissant. Avec la même volonté d’évoluer, Vulgaires Machins mûrit ses discours et se préserve de toute tentation doctrinaire au profit d’une introspection citoyenne (Je m’appelle Guillaume). En leitmotiv, le quatuor s’alarme d’une apathie généralisée à l’échelle planétaire, symptôme rampant d’un néo-libéralisme infectieux (Anéantir le dogme, Arrachez-moi les yeux, Dommage collatéral, Les Mains pleines de sang, Mer de fumistes). Victimes consentantes du nouvel ordre mondial, les anesthésiés cathodiques convergent vers une pensée unique avortée de tout sens critique (La Télé me regarde, Puits sans fond). Prenant ses distances avec un style de vie devenu mode de rue (Être un comme), Vulgaires Machins insiste de nouveau avec Compter les corps pour que la faible lueur d’espoir devienne la brèche d’un système décrété démocratie (Jamais assez, Compter les corps).
Au creux des années 90, une musique estampillée 77 ressurgit grâce à l’impétuosité de Green Day, NoFx et autres Rancid. Ce séisme californien secoue le Québec où une formation de Granby se démarque dès 1995. Vulgaires Machins s’empare des devants de la scène. Le public supporte le groupe et l’encourage à enregistrer ses premières compositions. La technicité sommaire du studio-maison Beauregard explique la qualité approximative du démo La Vie est belle. L’oreille experte des membres de Grimskunk ne s’en formalise pas. Ces pionniers de l’alternatif offrent au quatuor de rejoindre les rangs de leur label Indica. Vulgaires Machins dispose enfin d’un soutien à la hauteur de ses aspirations artistiques lorsqu’il investit le studio RCA Victor en 1998. Sa rencontre avec le réalisateur Pierre Rémillard donne naissance à un prometteur 24-40 (mai 1998). Dans une apparente naïveté, ce disque crache des diatribes entre tranches de vie et désinvolture pistolienne. Le groupe bénéficie par ailleurs de la popularité de Grimskunk pour multiplier ses prestations au Québec. Il gagne progressivement une autonomie que consolide la diffusion de son vidéoclip Anti-dépresseur.
Peu sensible à l’euphorie du nouveau millénaire, Vulgaires Machins invite au recul sur Regarde le monde (mai 2000). La complicité avec Pierre Rémillard se précise sur ce deuxième opus qui, sous des airs «j’m’en foutiste», surprend de lucidité. Ce regard alerte incite à briser les frontières. À l’automne 2000, la troupe s’enrôle dans une tournée européenne (France, Suisse, Espagne) entre concerts squatés et Transmusicales de Rennes. Au Québec, les foules grossissent et prennent souvent des airs de consécration en 2001 : Spectrum puis FrancoFolies de Montréal, Festival d’été de Québec... La diffusion vidéographique s’accentue aussi avec les extraits Le Ciel est vide et Petit Patapon. Mais Vulgaires Machins ne déroge pas à sa simplicité et reste fidèle à des idéaux manifestés en marge du Sommet des Amériques. Dans une atmosphère d’émeute, il partage la scène de la contestation sonore avec Propagandhi. Les gaz lacrymogènes se dissipent au contraire d’opinions qui s’articulent avec maturité dans Aimer le mal (septembre 2002).
Flanqué de Pierre Rémillard aux manettes et de Dale Penner aux conseils artistiques, Vulgaires Machins arme sa discographie avec Aimer le mal. Les compositions s’enrichissent tandis que la plume s’affirme, devient militante et se débarrasse des stigmates adolescentes. L’identification et l’adhésion d’une génération, stigmatisé X faute de mieux, est immédiate. Les salles de spectacles sont pleines, la tournée québécoise s’allonge de supplémentaires en supplémentaires et fait plusieurs détours par la France. Le groupe promène son rock incisif et ironique jusqu’aux parterres des grands événements : Woodstock en Beauce (2002, 2003), Festival d’été de Québec (2002, 2004), FrancoFolies de Montréal (2004), Fiesta Bérurière de Québec (2004). L’image relaie le message grâce à une série de vidéoclips (Dieu se pique, Comme une brique, La Chasse est ouverte, Anesthésie) où se conjuguent esthétisme et efficacité. Suite à cette folle épopée, Vulgaires Machins s’accorde un temps d’arrêt relatif puisque le décompte est déjà amorcé pour Compter les corps.
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On peut sentir un profond dégoût envers le Vans Warped Tour dans Être un comme, dû au fait, entre autres, que notre "jeunesse de punks incorporés" n'a rien à voir avec ces activistes d'autrefois et que ceux-ci achètent aveuglement des billets pour des méga-productions dites "punk" maintenues en vie par des commandites de corporations contre lesquelles on devrait s'opposer. Pourtant, on a pu voir les Vulgaires Machins le 9 juillet dernier au Festival d'Été de Québec, et ce sur la scène Molson Dry. Où doit-on alors tracer la ligne entre l'acceptable et le boycott?
Premièrement, il est faux de croire que nous appelons au boycott du Warped tour. C’est un texte dans lequel je désire soulever des questions sur le phénomène du désengagement politique dans le milieu musical. J’ai mentionné le Warped tour à titre d’exemple étant donné qu’il représente selon moi le porte-étendard du mouvement punk moderne. Nous aurions pu soulever des dizaines d’exemples comme celui-là : Festival d’été de Québec, Francofolies de Montréal, EdgeFest… Aucun d’entre eux n’aurait eu l’impact du Warped tour pour la simple et bonne raison qu’aussi dépolitisé que puisse être le mouvement punk aujourd’hui, il demeure à mon avis, l’un des mouvements musicaux les plus politisés d’entre tous. Ce qui forcément encourage d’avantage le débat. C’est également le festival où les gens sont les plus susceptibles de connaître Vulgaires Machins, plusieurs de nos fans sont des adeptes, ce qui encourage également les réactions. Pour en venir à ta question à savoir où il faut tracer la ligne entre l’acceptable et le boycott ? Je l’ignore ! Du moins, la réponse se doit de différer d’un groupe à l’autre, d’un festivalier à l’autre. Ce dont je suis certain par contre c’est qu’en boycottant les festivals qui outrepassent respect de l’artiste et respect du spectateur, il faudrait pratiquement les boycotter tous. Que ça plaise aux intégristes ou non, les festivals au Québec représentent la source de revenus la plus significative d’entre tous. Bien au-delà des royautés d’albums. Cela va te sembler contradictoire que nous participions à ce genre d’événements parrainés par de grosses compagnies. Tu as raison et nous en sommes parfaitement conscients. Le nerf de la guerre se situe exactement là ! Dans le paradoxe. Cette phrase tirée du texte ne se veut pas nécessairement un leitmotiv pour le groupe. Il représente plutôt une problématique gigantesque : comment arriver à vivre de la musique tout en restant parfaitement intègres ? Dans les conditions actuelles, au Québec, nous croyons que c’est impossible. Cela n’empêche en rien d’utiliser le système à bon escient. Encore faut-il apprendre à gérer l’inévitable et souhaitable critique qui l’accompagne.
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Guttermouth, Anti-Flag, Vulgaires Machins, GFK, Dual Peak, Summercheers, La descente du coude, Dig It Up, Crash ton Rock, back and forth, Mark and the wolves, Aly, SonOfABeat
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