Tout d'abord, que signifie le nom du groupe ?
Avant d’expliquer la signification du nom Eric Panic, je pense qu’il est important de souligner qu’Eric Panic n’est pas le nom d’une personne, mais bien le nom de notre groupe (même si nous avons un Rick dans le groupe!). C’est une distinction qui peut sembler banale, mais qui est importante pour nous puisque Eric Panic est un projet de groupe et non un projet mené par une personne seule. C’est moi (Julie) qui ai trouvé ce nom. Nous cherchions un nom original (qui s’éloigne du traditionnel combo nom + adjectif) et ce nom m’est entré dans la tête comme un genre d’illumination! Nous avons tous des personnalités assez explosives qui ont le bouton “Panique” assez facile... Eric Panic représente donc un état d’esprit qui nous est familier, la cristallisation d’une action que nous vivons tous au quotidien et qui s’oppose à la passivité physique et mentale (qui est, selon moi, un des grands malaises de notre siècle). On aurait tout aussi bien pu prendre le nom “Julie Panic”, mais disons que ça sonne moins bien!
Votre biographie sur le site de Union Label Group mentionne le fait que le groupe s'est formé en septembre 2003 et que votre nouvel album a été enregistré 4 mois plus tard, soit en janvier 2004 (ce qui est tout de même remarquable). Comment s'est déroulé la réalisation de cet album et qui sont les gens qui vous ont aidés à le faire ?
Oui, j’avoue que c’est rapide 4 mois pour composer tout un album!!! Évidemment, ça ne s’est pas passé ainsi!!! En septembre 2003, la majorité des chansons d’Eric Panic étaient déjà composées. Mais avant cette date, nous n’avions aucune idée de la forme que ça prendrait... Nous étions 4 musiciens qui se voyaient de temps à autre pour jammer et prendre une bière, pas d’argent pour enregistrer nos chansons, bref, rien d’officiel. À l’été 2003, le projet a commencé à se préciser et, en septembre, au moment où nous avons su que la SODEC nous aiderait à financer l’enregistrement, nous avons lancé officiellement le projet et trouvé le nom du groupe! D’où cette date de naissance qui ne reflète pas nécessairement la réalité!
L’album Catharsis a été réalisé par Matt Collyer (chanteur des Planet Smashers) et enregistré par Greg Smith et Dave Cooper (bassiste des Smashers), sous les bons conseils et la supervision de Rod Sherear. Nous avons enregistré l’album à Montréal, dans des conditions plutôt difficiles. Le drum a été enregistré au Studio Vox et tout le reste a été enregistré au local de pratique des Smashers. Il faisait à peu près - 40 dehors, et sûrement sur le bord du point de congélation à l’intérieur! Malgré tout, on a eu beaucoup de plaisir avec Matt (qui s’est vraiment impliqué dans le projet et a donné une tout autre couleur à nos chansons) et Dave ainsi qu’avec nos amis qui se sont joints à nous pour les “back vocals” (Seb et Bruno des Marmottes/Attack et Paul de Ripcordz).
Sur votre site Internet, vous expliquez le concept de "Catharsis" (d'où vient le nom de votre nouvel album) et on peut lire ceci : "Ce n’est que plus tard, [...] au moment où la psychanalyse s’emparera du terme pour décrire une activité thérapeutique où le patient est appelé à se remémorer une expérience troublante [...] et à décharger les émotions refoulées par l’expression, en paroles, des sentiments jusque là retenus." Aurais-je raison de croire que cette expérience troublante se serait déroulée lors vos derniers mois au sein du groupe Pénélope avant de former votre groupe actuel ?
C’est certain que la période dont tu parles a été plutôt difficile, tant au niveau des émotions qu’au niveau des relations personnelles et professionnelles avec les différentes personnes impliquées dans le projet. Mais cette “expérience troublante” qui nous donne envie de crier et de nous soulager, c’est bien plus vaste… c’est un sentiment qu’on éprouve tous, je pense, un jour ou l’autre. Personnellement, je suis troublée à chaque fois que je vois un sans-abri dans la rue, je suis troublée quand j’apprends que, dans notre société si évoluée, ce ne sont pas tous les enfants qui mangent à leur faim, je suis troublée quand je vois quelqu’un couper un arbre en santé, je suis troublée quand, au restaurant, je reçois une assiette tellement énorme qu’elle pourrait nourrir 3 personnes… et la liste pourrait s’allonger ! Bref, cette expérience troublante, on la vit au quotidien et la musique est, pour nous, une magnifique façon de se libérer et de dénoncer ces choses qui nous choquent.
Sur cette même page, on peut aussi lire que "[...] la création (parfois douloureuse) de cet album nous a permis d’évacuer une foule de frustrations et d’émotions refoulées", "[...] on a bien failli ne pas y arriver, mais qu’on y est enfin parvenus" et "[...] ouvrir les yeux, ça peut faire mal, mais ça en vaut la peine…". Pouvez-vous nous dire en quoi a été douloureux la création de cet album ?
Je pense que le processus de création artistique, que ce soit pour la musique ou l’écriture, comporte nécessairement une phase « douloureuse ». Quand on fouille au fond de soi-même pour y dénicher des émotions enfouies, ça ne peut pas faire autrement que de réveiller des sentiments qu’on aimerait parfois mieux oublier. Aussi, vient nécessairement un moment où l’on se rend bien compte des limites de notre pouvoir, en tant que musiciens, mais aussi (et surtout) en tant que personnes. Cette prise de conscience aussi est douloureuse, mais combien nécessaire. Albert Camus disait : « L’absurde naît de la confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ». Même si le monde est parfois absurde et ne répond pas à toutes nos questions, cela n’empêche pas qu’il est important de les poser. Et nous croyons que c’est dans chacune de ces petites questions que l’on se pose au quotidien (même si elles demeurent sans réponses), qu’on peut faire avancer les choses.
Aussi, la création de Catharsis n’a pas été facile sur le plan personnel. Quand on s’embarque dans un projet comme celui-ci, il faut être prêt à faire de nombreux sacrifices. Tous les musiciens savent de quoi je parle. Cependant, maintenant que nous sommes parents de plusieurs enfants (5 en tout dans le groupe !), nous devons penser que tout ce qu’on fait a un impact direct sur eux : les absences prolongées, les préoccupations quotidiennes, etc. Nous avons donc été « victimes » de fréquentes remises en question à ce niveau. Tout ceci jumelé à un certain dégoût face à l’industrie musicale en général (on savait très bien dans quoi on allait s’embarquer et cela a contribué à alimenter nos nombreuses hésitations).
Quelles raisons vous ont poussées à signer avec Union Label Group ? Est-ce que d'autres compagnies vous ont approchés depuis la formation du groupe ?
Non, aucune autre compagnie ne nous a approché ni avant, ni après l’enregistrement de l’album. Le choix de cette compagnie indépendante (Union Label Group) s’est fait comme… naturellement ! Nous sommes de bons copains et nous avons travaillé avec Matt (qui est aussi le fondateur de cette compagnie) pour l’album.
Le groupe semble avoir beaucoup d'affinités avec Crane et MAP. Y a-t-il d'autres groupes avec lesquels vous aimez particulièrement tourner ?
C’est vrai qu’on a beaucoup de plaisir avec nos amis Crane (qui sont de la même région que nous… le magnifique comté de Portneuf !) ainsi qu’avec la gang de MAP (dont les mélodies et les textes me rejoignent vraiment beaucoup). La scène est, pour nous, un lieu d’échange et de rencontre incroyable. Récemment, je te dirais qu’on a beaucoup trippé avec la gang d’Each on set, avec les Planet Smashers (c’est tout le temps le party), avec nos amis les Houlalas (qui partent bientôt pour une tournée en France), avec eXterio, The Frenetics. Je ne voudrais pas tous les nommer, car je risquerais d’en oublier… mais la liste pourrait être longue !
Quels sont les groupes que vous admirez le plus au Québec ?
Je pense sincèrement que tous les groupes qui sont répertoriés sur QPS (ainsi que tous les autres qui ne le sont pas ou pas encore) méritent notre plus profonde admiration : des groupes débutants (qui grattent dans le sous-sol de leurs parents) à ceux qui travaillent comme des malades (sans aucune aide bien souvent) pour « booker » des tournées en Europe ou au Japon. La scène alternative est un milieu pas toujours facile où l’aide est parfois difficile à trouver et je pense que l’entraide et la solidarité entre les groupes est quelque chose de très important.
On entend beaucoup parler de la "clique de Montréal" à CHOI... Pourtant, le même phénomène peut facilement être identifié sur les ondes de cette radio : mis à part les groupes de la compagnie de disques appartenant à Genex communications (Disques New Rock), pratiquement aucun groupe de la région de Québec peut être entendu sur les ondes de CHOI à l'exception près d'Éric Panic. (D'ailleurs, la grande majorité, voire même la totalité de ces groupes sont francophones afin de renflouer le quota de musique francophone imposé par le CRTC.) Cela dit, quelle est la position du groupe face à cette station de radio qui prétend encourager la scène punk de Québec alors que pratiquement aucun des quelques 700 groupes sur QPS ne peut y être entendu et qu'aucun employé de cette radio ne s'est présenté à votre lancement d'album ?
Wow ! Toute une question… À l’image de ta question, je crois que ça me prendra plusieurs lignes pour y répondre. Donc, merci de prendre le temps de me lire !
Je dois d’abord préciser que j’ai rarement vu des passions aussi déchaînées et des opinions aussi divergentes et radicales que dans le dossier de CHOI. En tant que groupe de musique qui a toujours trouvé une place sur les ondes de cette station et a toujours été encouragé de multiples façons par cette dernière, je dois avouer que c’est une période plutôt difficile à vivre. Depuis quelques mois, on est constamment invités à prendre position, à défendre ci, à justifier ça, et c’est devenu plutôt lourd. D’un côté comme de l’autre, on nous accuse de tout un tas de choses qui n’ont rien à voir avec nous… C’est comme si, parce que CHOI joue nos chansons, on devrait nécessairement être d’accord avec tout ce qui est dit en ondes… Voyons ! Eric Panic est un groupe indépendant, pas seulement au niveau « affaires », mais aussi (et surtout dans le dossier qui nous intéresse) au niveau des idées. Nous n’avons pas à répondre du discours tenu en ondes à CHOI, pas plus que nous devons être d’accord avec les éditoriaux du Soleil parce qu’ils parlent de nous dans leurs pages (ceci me semble d’une telle évidence… mais bon) …
D’un autre côté, on se fait accuser de ne pas supporter assez la cause… On s’est même fait reprocher par un auditeur de CHOI de ne pas avoir donné notre appui à CHOI lors de notre prestation au Vans Warped Tour alors que même Billy Talent l’avait fait… Wow ! Bienvenue la liberté… !
Bon, ceci étant dit, quelle est la position d’Eric Panic face au dossier de CHOI ? Nous sommes contre la fermeture de la station et je vais, encore une fois (la dernière j’espère) justifier notre position. Évidemment, il y a la musique. Je pense que tout le monde s’entend pour dire qu’il y a un problème de diversité musicale à la radio commerciale. (et je souligne commerciale parce que je pense que les radios universitaires et communautaires offrent un tout autre tableau et jouent un rôle essentiel dans la diffusion d’une alternative musicale). Je pense donc sincèrement que CHOI fait un pas dans la bonne direction en offrant une diffusion à des groupes qui n’en trouvent pas dans les autres radios commerciales. C’est vrai que c’est dommage pour les groupes de QPS (majoritairement anglophones si je ne m’abuse) qui ne peuvent y être entendus et je serais la première à me réjouir d’une plus grande ouverture en ce sens… Voilà pour la musique. Mais la question va plus loin. En fait, la décision du CRTC n’a rien à voir avec la musique, mais bien avec le contenu verbal. Et bien parlons-en.
Quiconque écoute nos chansons ou discute avec nous découvrira qu’Eric Panic est un groupe qui a des valeurs d’entraide et de solidarité sociale très fortes, bref, des valeurs de « gauche » bien souvent à l’opposé des idées véhiculées sur les ondes de CHOI. Nous ne prétendons pas détenir la vérité à ce sujet, mais ce sont nos idées et nous y croyons. Ayant des enfants qui auront à grandir dans le monde blessé qui est le nôtre, qui seront exposés à des idées de toutes sortes, je crois personnellement que le plus beau cadeau que je puisse leur faire est de leur léguer l’envie de se poser des questions. Jamais je ne pourrai leur mettre des œillères pour les empêcher de voir ces choses inconcevables dont le monde est rempli. Je peux par contre leur enseigner à se questionner, à ne pas prendre pour du « cash » tout ce qu’ils entendent à la télé (ou à la radio) ou se font dire par leurs amis. Je pense que ce concept s’applique très bien à la cause qui nous intéresse ici. Oui, j’ai entendu des propos que je pourrais qualifier de sexistes sur les ondes de CHOI. J’en ai aussi entendu dans d’autres médias. J’ai aussi, très souvent même, entendu des propos sexistes dans mon entourage. Combien de fois cela m’est-il arrivé de me faire dire après un show : « Tu joues bien de la guitare… pour une fille ». Il n’y a pas si longtemps, j’ai vu une fillette de 9 ans (9 ans merde…) se questionner sur son apparence et son poids. Je connais des gens qui ont des préjugés racistes. Je pense donc que le discours qu’on entend parfois à CHOI reflète un discours qui est largement répandu dans notre société. N’est-il pas là le véritable problème ? Je pose la question. Une société fermée sur elle-même, incapable même de visualiser la différence (comment peut-on accepter quelque chose qu’on a du mal à concevoir ?), une société qui enseigne aux enfants la religion catholique sans leur expliquer qu’il existe d’autres religions…
Nous croyons en l’esprit critique et nous pensons que chaque personne peut faire évoluer la société au quotidien, dans ses petits gestes et actions. Ceci résume bien, je pense, notre point de vue !
Quel est votre meilleur moment à vie en tant que musiciens, soit depuis plus de 15 ans ?
Et oui, 15 ans… voilà qui est loin de nous rajeunir ! Personnellement, je dois avouer qu’à chaque fois que quelqu’un vient me voir après un show pour me serrer la main et me dire qu’on lui a fait du bien, c’est toujours un moment merveilleux !
Quels sont les projets à court et à long terme pour Éric Panic ?
On vient tout juste de terminer le tournage d’un deuxième vidéo (pour la chanson Les majeurs fendent l’air). On continue à se promener de ville en ville (partout où on veut bien de nous !), à partager la scène avec des groupes qu’on adore, à rencontrer des gens intéressants, à discuter, à faire la fête ! À plus long terme, c’est certain qu’une tournée en France serait une chose formidable ! Mais, c’est une autre étape !
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