Pour commencer, pourrais-tu te présenter et nous décrire brièvement ce que tu fais au sein du groupe en plus des raisons qui te motivent à contribuer à l'entité Despised Icon?
Je suis Eric Jarrin, guitariste de Despised Icon. J’ai fondé le groupe avec Alex Erian il y a bientôt 8 ans mais disons que le groupe est actif seulement depuis 2002. Avant ça c’était seulement Alex et moi avec des maquettes de chansons. Despised Icon c’est comme mon enfant alors c’est certain que pour ce qui est de me motiver à contribuer à son entité, j’ai pas mal toutes les raisons de le faire!
Comment la saga Despised Icon a-t-elle débutée?
Alex Erian et moi nous sommes rencontrés il y a environ une dizaine d’année par l’entremise d’amis que nous avions en commun. Moi je jouais de la guitare pour la formation Necrotic Mutation et Alex jouait de la batterie dans Neuraxis. À cette époque, Alex et moi étions de grands fans de musique brutale comme Dying Fetus, Disgorge, Deeds of Flesh etc. et comme au sein de nos groupes respectifs nous ne pouvions pas vraiment assouvir nos aspirations dans ce genre musical, nous avons décidé de former notre propre band. J’avais également un bon ami à l’époque, Greg Bussy, qui jouait de la guitare avec qui on a commencé à composer des maquettes de tounes. Quelques années auparavant j’animais une émission de radio métal au Cégep avec Marie-Hélène Landry et on s’était toujours dit qu’on partirait un band de métal. C’est elle d’ailleurs qui nous a présenté Sébastien notre bassiste. Après avoir répété quelque fois nous sentions que d’avoir un vocal supplémentaire serait intéressant, surtout pour se doter de voix plus gutturales. Alex avait vu ce jeune chanteur à la voix d’outre-tombe qui jouait au Foufs avec son band, Apocalyptic Script, et c’est à ce moment que Steve Marois s’est joint au groupe. Malheureusement, Greg nous a quitté pendant l’écriture du premier album et Yannick St-Amand, qui avait produit l’album de Neuraxis à cette époque, a pris le poste délaissé par Greg.
Il y a eu quelques changements au sein du band depuis sa formation en 2002. Comment avez-vous vécu ces événements à l'interne?
Marie-Hélène a été la première personne a nous quitter. Cependant, son départ a coïncidé avec les tendinites d’Alexandre qui a dû cesser de jouer de la batterie. Comme Alex était très investi dans le groupe et qu’il désirait poursuivre avec nous, il a manifesté le désir de la remplacer au vocal. C’est ainsi qu’en passant des auditions, nous avons déniché notre machine aux drums, Alexandre Pelletier. Alors ce changement à quand même apporté un vent de fraîcheur et c’est avéré positif. Nous avons roulé un bon 3 ans et le temps de 2 albums avec ce line-up. Ensuite, l’an dernier, Yannick St-Amand nous annonçait qu’il devait renoncer à sa carrière de guitariste avec nous parce qu’il attendait un bébé avec sa femme et comme il était déjà passablement occupé avec sa carrière d’ingénieur de son en studio, il préférait se consacrer à sa vie familiale. Ce qui est tout à fait compréhensible, étant donné qu’en faisant une moyenne de 200 shows par année, il n’aurait pas pu voir grandir son fils. Ce départ a été un peu plus difficile pour moi car Yannick était mon complice de guitare, mon frère de gros riff gras !!!! Le même sort attend Sébastien Piché qui nous quitte à la fin de la tournée Montreal Assault pour les mêmes raisons. Sébastien attend une petite fille à la fin juin et ne pourra plus faire de tournée. Heureusement pour nous, nous avons retenus les services de 2 américains originaires de Boston, Alan Glassman et Max Lavelle qui tous deux faisaient parti de la formation Goratory. Nous étions des fans de Goratory au début de Despised Icon et sommes très heureux qu’ils se soient joints au groupe. D’avoir deux américains dans le band maintenant change un peu la dynamique, on parle maintenant un peu plus en anglais dans les pratiques et dans la van mais l’échange culturel est très intéressant. En plus les gars font vraiment un gros effort pour apprendre le français, ce qui est très cool à mon avis !
Vous avez travaillé avec de grosses pointures pour la production de votre plus récent album The ills of modern man. Peux-tu nous parler un peu du processus de création et de votre expérience en studio?
Ce dernier album est le plus personnel. Il a été le plus éprouvant pour le groupe jusqu'à date. Mais grâce à l’avance qu’on avait gagné avec The Healing Process (l’album avait été enregistré 9 mois avant sa sortie) nous avions commencé à composer The Ills Of Modern Man assez d’avance. Ce qui nous a permis de peaufiner cet album beaucoup plus que le précédent puisqu'il avait été composé en vitesse. Je crois que ça s’entend, surtout au niveau des arrangements. Quand je dis personnel, c’est que la majorité des membres du band on eu a traverser des périodes difficiles durant la création de l’album et nous nous sommes servis de ça pour transformer ce qu’on pouvait vivre de négatif en énergie positive pour l’album. Mais ça donne quand même des tounes assez noires avec des mélodies plutôt funèbres. hahaha !!!!
Pour cet album, Yannick a joué une fois de plus le rôle de producteur derrière la console. Lui et moi sommes allés en Angleterre pour mixer l’album avec Andy Sneap. Yannick caressait depuis longtemps le rêve de travailler avec son ingénieur de son favori mais l’expérience s’est déroulée autrement de ce qu’on anticipait. On s’est retrouvé avec un gars qui venait de passer trois mois consécutifs à mixer Megadeth, qui avait pris du retard dans tous ces autres projets (dont le nôtre) alors je crois que nous n’avons pas pu tirer le meilleur de lui ! Mais pour ma part, je suis assez satisfait du résultat. Ça cogne !
Depuis 2005, vous travaillez avec la réputée étiquette américaine Century Media. Comment se porte votre relation avec eux? Votre vie a-t-elle radicalement changé suite à cette union ou le travail reste sensiblement le même?
C’est certain que d’être signé sur une étiquette importante exige un certain investissement au niveau de ta carrière musicale. Tu dois être prêt à faire beaucoup de sacrifices au niveau de ta vie personnelle. Le band doit être une priorité et si tu veux que ça fonctionne, tu dois être prêt à y mettre beaucoup d’efforts. Trop de bands s’imagine que d’être signé t’apporte du succès instantanément. Tu dois le développer ton band, ton succès. Pis dans l’underground, les conditions sont pas toujours les plus faciles !
Avec les ventes de disques compacts en continuel déclin, est-ce que Century Media a changé son approche avec vous?
Pas encore mais je sens qu’il va y avoir des changements majeurs auprès des compagnies de disques. CM est en pleine restructuration, disons que je veux pas trop m’aventurer sur ce sujet mais on est prêt à toute éventualité. Je m’en fais pas pour Despised mais je crois que ce son les jeunes groupes qui vont souffrir de cette transition.
Plusieurs items de ‘’merchandise’’ à l’effigie du groupe sont disponibles et les designs sont très intéressants, assurez-vous vous même la création de ces designs ou confiez-vous plutôt la tâche à quelqu’un d’autre?
Alex travaille de très près avec notre designer pour lui passer continuellement des commandes. Les produits dérivés étant notre pain et notre beurre (oublie les ventes de CDs et cachets de spectacle), on se doit de toujours avoir de quoi de frais et d’intéressant à offrir à nos supporteurs !
Si on recule aux premiers jours d’existence de Despised Icon, pensiez vous vous rendre au stade auquel vous vous trouvez maintenant avec tous vos commanditaires, tournées internationales et tout ce que ça implique en à peine six ans?
C’est sur que non, tu m’aurais dis ça il y a 6 ans et je t’aurais ris en pleine face ! Au départ c’était un simple projet à part pour moi et Alex. On avait nos bands respectifs ! Mais grâce à Despised Icon, tous les deux ainsi que les 4 autres du band réalisons notre rêve d’ado, soit d’avoir un band et de faire des albums et des tournées à travers le monde !
Depuis quelques années, de plus en plus de groupes métal et/ou hardcore émergent de Montréal, d’après toi comment s’explique ce phénomène grandissant?
J’ai jamais réussi à y répondre à cette question. Peut-être internet et la mondialisation. On peut pas dire qu'il n'y a pas de talent non plus ici et comme les gens ont accès à presque tout aujourd’hui, bien on doit se faire plus remarquer !
Si tu pouvais retourner dans le temps et effacer une décision, une chanson, un moment paniquant ou quoique ce soit qui se soit passé dans l'univers de Despised Icon, qu'est-ce que ce serait et pourquoi?
Absolument rien. Je crois que tout est arrivé pour le mieux et nous retirons des leçons de toutes les épreuves difficiles que nous avons traversées.
Si tu n’avais qu’un seul concert à revivre parmi tous ceux que vous avez fait, lequel serait-ce et pourquoi?
Notre concert de Moscou. Parce que le monde était juste trop débile ! Et je jouerais avec mes amplis cette fois et je m’organiserais surtout pour que Steve n’ait pas bu autant de Vodka avant le show. Criss qu’il était saoul !
Parmi tous les groupes avec qui vous avez partagé la scène, lequel t'a laissé les meilleurs souvenirs? Tu peux nous en expliquer les raisons?
Dernièrement je dirais les gars d’Acacia Strain et de Red Chord. Ce sont juste des super bon gars. Pas d’attitude de vedette et rien de ça. La même chose pour les gars de Black Dahlia Murder. C’était juste cool de tripper avec eux à chaque jour.
Est-ce que le fait d’avoir visité plusieurs villes dans différents pays a changé votre vision du monde en général?
Disons qu’on est moins centré sur nous-mêmes que bien des gens au Québec. Je trouve qu'il y a beaucoup de gens qui se font des illusions de grandeur en ayant pas sorti du Québec. Surtout des bands d’ici. Mais la sagesse s’acquiert avec le temps et les expériences j’imagine. Faut surtout pas que tu fasses juste pour la popularité parce que tu vas trouver ça dur !!!! Tu dois continuellement travailler fort et il n’y aura pas personne qui va te faire de cadeaux dans ce milieu là !
Après autant de vente d'albums et de concerts internationalement, est-ce que les membres de Despised Icon arrivent enfin à vivre de leur art ou bien chacun doit tenter de se trouver un emploi à chaque fois que le groupe revient faire ses forces à Montréal?
Ça dépend des membres du groupe et de leurs conditions. Il y en a qui ne vive que des revenus du band, d’autres comme moi qui veulent investir pour plus tard et qui ont une voiture et un loyer à payer, doivent travailler toujours entre les tournées !
À quoi doit-on s’attendre de votre prochaine tournée Ontario-Québécoise le Montreal Assault Tour? Est-ce en quelque sorte un retour aux sources pour vous ou une pure partie de plaisir?
Une pure parti de plaisir. Ça fait longtemps qu’on voulait se payer un trip de même chez nous, avec nos chums de bands avec qui on a commencé ! En plus on tourne un DVD live le soir du show à Montréal.
En terminant, quel est le prochain objectif de Despised Icon?
De continuer à garder la barre haute; j’aimerais bien qu’on aille jouer dans des pays que nous n’avons jamais vu comme l’Australie et le Japon. Mais surtout de continuer d’aimer ce qu’on fait car c’est la base et si tu perds ça, tu perds tout !
Merci,
Eric \m/
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