Pour commencer, expliquez-nous comment l'aventure Subsistance a débuté.
Mat : Je dirais vers 1998 au secondaire. On était une bonne gang à l'époque qui allait toutes les fins de semaines à l'X. On se racontait nos périples durant la semaine en bouillant sur nos chaises d'école a penser à la prochaine fin de semaine. Ça nous a donné le goût de se partir un band, enregistrer nos compos, faire des tournées et ainsi donner la piqûre à d'autres en même temps. Après plusieurs expériences de garage, Subsistance voit le jour en juin 2005 avec les mêmes membres depuis le début.
Vous lancez un nouveau EP « Time to defy » le 28 février prochain, à quoi devons-nous nous attendre de cet opus?
Scott : Le résultat du premier album était excellent mais nous voulions un son plus "dans ta face", mature et accrocheur. Je crois que le EP nous a donné une bonne direction à prendre pour le 2e album qui ne devrait pas tarder d'ailleurs. Une approche plus hardcore 90 je dirais.
Un critique a déjà dit que vous vous démarquiez en concert puisque vous semblez réellement croire en vos propos. En tant que groupe engagé, quel(s) message(s) cherchez-vous à communiquer à votre public?
Phil : Avant tout, on aime ce qu'on fait et on veut donner la piqûre à d'autres de ramasser un instrument et de se défouler. C'est très thérapeutique.
Mat : On est un band totalement indépendant et on se concentre sur des sujets qui nous tiennent à cœur, comme par exemple la pauvreté et la division qui ne cesse de grossir entre les riches et la classe moyenne. Personnellement, j'ai de la misère à croire un band avec des propos engagés, signé sur un gros label ou encore qui utilise des subventions du gouvernement; ils se font payer pour écrire un produit. Joe Strummer en recevant un chèque de 10 000 $ après avoir signé un contrat de disque dit à Paul Simonon : « De quoi va-t-on parlé dans nos chansons maintenant? » Je le comprends totalement.
Depuis 2008, le label européen Sempre Contra Records vous distribue sur le vieux continent, comment votre collaboration a-t-elle pris forme?
Scott : À la veille du lancement de notre premier album, nous avions posté sur notre myspace un ''prévente mailorder''. Notre distributeur (Anger Distribution) avait beaucoup de contacts en Europe et nous a informé qu'une compagnie de disque allemande (Sempre Contrat) en demandait une grosse quantité. Peu de temps après, on s'est fait inviter à jouer pour un festival antifasciste allemand. En y voyant une opportunité en or, nous avons contacté Felix de Sempre Contrat et on lui a demandé si ce serait possible d'organiser une tournée. Quelques temps après, tout s'est concrétisé et nous sommes partis pour l'Europe. Huit concerts en neuf jours...c'était malade! Pendant notre séjour en Europe nous avons forgé une bonne amitié avec la gang de Sempre; on fait maintenant parti de leur réseau et ils font parti du nôtre. On est vraiment chanceux d'être tombés sur du bon monde comme ça.
Mat, tu sembles être l'unique propriétaire du label Arisen Records qui vous représente au Canada; quelle importance accordez-vous donc au fait d'être un band D.I.Y.?
Mat : Tout ce qu'on connait aujourd'hui est grâce à l'«essai-erreur», le D.I.Y. est naturel pour nous. Tous les bands devraient partir leur propre étiquette, ça donne une intégrité et une liberté d'expression totale. Plusieurs groupes locaux ont des restrictions sur la duplication de leur album, leur vente ou même leur marchandise parce qu'ils ont signé avec quelqu'un d'autre. Je trouve ça dommage de voir ça; ça démoralise et les bands sont moins productifs. C'est une nouvelle attitude qu'il faut adopter. Il faut arrêter de penser que d'être signé est la seule solution ou l'ultime but. Il faut garder le Punk Rock underground et indépendant, loin des gros investisseurs qui nous vide de notre art par sa source. Il faut supporter notre scène locale également.
Sur votre site Myspace, vous dites être influencés par Bad Religion, Motörhead, Agnostic Front et Megadeth. Bien que ça se ressente dans votre son, à quel point croyez-vous qu'ils eurent un rôle à jouer dans vos idées et votre engagement politique?
Scott : Nos chansons sont plus une critique sociale qu'un engagement politique. Les groupes qu'on écoute sont définitivement une inspiration musicale mais nos textes viennent de ce que l'on connaît et de ce qui nous tient à cœur. Nous ne faisons pas de discours politiques durant nos concerts car nous ne sommes pas là pour ça. Nous sommes là pour jouer de la musique. Si vous assistez à un concert de Subsistance, préparez-vous à entendre 12 chansons "dans ta face" en 25 minutes. Voilà notre engagement! Hehehe!
Quel effet ça fait d'être nommé, par un critique, meilleur groupe punk canadien depuis Propagandhi?
Mat : Nous étions étonnés de lire cet article et flattés en même temps. Je crois que peu importe l'art, que ce soit la peinture, la vidéo ou la musique, il faut s'accrocher aux bonnes critiques, car c'est ça qui nous permet de se motiver davantage, sans que cela nous monte à la tête, tout comme une mauvaise critique.
Phil : Il y a aussi le fait que Propagandhi est un band que j'écoutais beaucoup, alors pour moi c'est un beau compliment.
Vous avez donné des concerts à la tonne au cours des 2 dernières années; avec qui avez-vous préféré partager la scène et pourquoi?
Scott : C'est un groupe avec qui on a eu la chance de partager la scène durant notre tournée en Allemagne, un des groupes les plus intenses à voir sur scène, Guérilla. Je ne parle pas de Guérilla Poubelle mais bien Guérilla. Les membres portent tous des cagoules pour cacher leur visage à cause de leur implication dans des manifestations activistes antifascistes. Ils sont à la tête d'un mouvement très important en Europe. Le chanteur est très passionné dans tout ce qu'il entreprend, une conversation avec lui, c'est très inspirant.
Phil : Moi c'est pareil, Guérilla ça te ''crisse'' à terre!
Mat : Pour moi ce serait les légendaires GBH. J'avais déjà acheté mon billet et deux jours avant le concert j'ai reçu un coup de téléphone de Bruno (Anticorp Prod) disant qu'il avait besoin d'un groupe à la dernière minute. J'avais de la misère à croire ce qu'il me proposait. Ça faisait quelque chose comme 20 ans que GBH n'avait pas joué en Amérique du nord. GBH aux Foufounes Électriques, c'était une occasion à ne pas manquer! La chose qui m'a le plus marqué était la simplicité des membres originaux. Le chanteur était assis sur la terrasse devant les Foufounes buvant une bière comme si de rien était. Les gens venaient lui parler et il leur répondait avec une aise incroyable. Après le concert, dans la loge, le guitariste et le chanteur sont venus nous voir en nous disant qu'ils avaient adoré notre performance et que c'était un honneur de jouer avec nous. J'écoute ce band depuis que j'ai 14 ans, il n'y a pas de mots pour décrire cette soirée.
En 2009, vous retournez effectuer une série de concerts en Europe; comment c'était la première fois et à quoi vous attendez vous pour cette prochaine série de concerts européens?
Phil : La première tournée était malade. Le transport était payé avec les shows qu'on faisait, nous étions logés, nourris, et toutes consommations fournies. Tout le monde qu'on rencontrait était incroyablement hospitalier. On se méfie un peu parce que tout s'est tellement bien déroulé la première fois qu'on se dit que c'est impossible de revivre ça. On reste optimiste quand même.
Scott : On a vraiment hâte, ce coup-ci on fait plus de concerts en France, plusieurs en Allemagne, un concert en Autriche et un en Suisse. Nous sommes encore invités au Fight Back Festival et une édition européenne de notre album est maintenant disponible. Il ne nous reste qu'à acheter nos billets.
Envisagez-vous faire de l'Europe une priorité en ce qui a trait au développement de votre marché?
Mat : Jusqu'à maintenant l'Europe est plus accessible pour nous que l'ouest du Canada et les États-Unis. C'est drôle à dire comme ça mais c'est vrai. La scène underground européenne et le réseau de contact européen n'est pas comparable à ici. On a déjà essayé de traverser les frontières américaines mais on s'est fait retourner de bord après quatre heures d'attente. Pour le Canada, les heures de routes entre les villes sont souffrantes et dispendieuses. Nous ne négligeons pas nos intentions de faire des tournées nord américaines mais pour l'instant on ne peut pas se le permettre.
Parmis toutes les mésaventures qui ont pu vous arriver en tournée, quelle serait l'anecdote la moins ''racontable en publique''?
Phil : Il y en a plusieurs bonnes mais on va se garder une petite gêne. Alors l'histoire commence à St-Jean-sur-Richelieu au Bar du Quai, on est en tournée avec Menpenti un band de Marseille et L-Rebel de Québec.
Après une soirée bien arrosée on rentre l'équipement dans notre van mais tout à coup il se met à pleuvoir. Une demoiselle nous invite chez elle pour nous reposer et se doucher. On la suit avec notre van mais il pleuvait tellement fort que Mat n'arrivait pas à voir correctement la route donc on perd de vue la gentille demoiselle.
Mat décide de se garer en attendant que l'orage se disperse. Une fois stationné le drummer de L-Rebel, qui était avec nous, s'allume un joint. Mat sort une bouteille de vin et moi je sors de la bière qui me restait en réserve. Le party a pogné dans la van, on n'a même pas remarqué que l'orage était finie. La police cogne sur la fenêtre du conducteur; par panique nous essayons de cacher toutes substances louches. Ils nous disent qu'il faut sortir de la van et aller se trouver un motel pour la nuit, de laisser la van là. Mais l'affaire c'est qu'il nous disent qu'il faudra déplacer la van à 6h AM sinon c'est une contravention. Il est 3h du matin. Les policiers partent, on se regarde et on se dit: « Fuck it! On déplace la van maintenant et on dort dedans. » On gare la van en arrière du Bar du Quai qui se trouvait à deux coins de rue. Nous ne voulions pas nous coucher tout de suite alors nous sommes montés dans le bateau touristique du Richelieu. Les mêmes policiers arrivent quelques minutes plus tard, ils nous demandent ce qu'on fait et où se trouve la van. Ils insistent pour qu'on trouve un motel et nous partons à la quête d'un motel à 4h AM. Il se remet à pleuvoir nous nous abritons sous un viaduc et nous endormons là pendant au moins deux heures. Les mêmes policiers nous réveillent et nous demandent de partir avec un ton autoritaire cette fois.
On est retourné à notre van et on est parti à la ville suivante de la tournée. S'ils avaient été des policiers de Montréal on aurait vu l'intérieure d'une cellule cette soirée-là, c'est sûr.
À l'approche de la fin de cet entretien, on y va avec le sujet de l'heure; quel est votre opinion sur l'arrivée du président Obama à la Maison Blanche?
Mat : Enfin du changement, je suis content de voir qu'ils sont rendus au point d'élire un président de couleur. Il ne reste plus qu'au Canada à élire une Première Ministre. Le discours d'inauguration était très bien dit et pensé. Il reste juste à voir si ça va se réaliser. Il y a toujours deux cotés à la médaille; après huit ans de tyrannie, les États-Unis se retrouvent cassés, détestés et tout simplement écœurés. Ça paraît bien un démocrate progressif noir pour remonter le pays non? Pourquoi pensez-vous qu'il a fermé les prisons externes de la CIA? Le pays est en récession, ça coûte de l'argent des prisons, alors un point au yeux du publique pour Obama. S'il peut cesser la guerre en Irak et en Afghanistan, ça serait déjà ça. Il ne resterait plus qu'au Canada à réagir sur le sujet. Obama a tellement de pression sur les épaules que s'il faibli soit juste pour un instant, l'Amérique en entier va le ramasser. Je suis pour le changement mais reste à voir si ça va changer.
La citation du mois de Subsistance:
Supportez votre scène locale.
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