Groupe du mois

  • GFK

    Mois:
    Février 2008
    Entrevue avec:
    Jessy Baron
    Par:
    David Ouellet et Patrick Labbé

D’entrée de jeu, pouvez-vous nous résumer votre dernière année d’activité?

Il y a tant de choses et en même temps, je crois que cela peut se résumer assez brièvement aussi. Depuis un an, nous avons eu tout d’abord la chance inouïe de partager la scène à plusieurs reprises avec Propagandhi. Nous avons visité le Canada et le midwest américain avec ces charmants gaillards. Par rapport à cela, sachant qu’ils font en moyenne de 0 à 30 spectacles par année, nous sommes encore plus ravis d’avoir eu une telle chance. Ensuite, nous avons fait passablement de spectacles au Québec et en Ontario, mais nous nous sommes surtout concentrés sur la composition de nouvelles chansons. Enfin, les préparatifs relatifs au split avec I Hate Sally ont aussi occupé une bonne partie de notre temps.

Avec tout le temps écoulé depuis la parution de votre dernier full length « If liberty isn't given, It should be taken », pourquoi avoir opté pour un « split » album avec I Hate Sally plutôt qu’un album « régulier »?

Nous avons sorti, il y a de cela quelques temps, le mini-album Thanatopolicy sur la compagnie New Horizon records afin d’avoir de la nouveauté à offrir aux gens. À la suite de cela, nous ne voulions pas sortir autre chose avant un véritable full length. Or, nos bons amis d’I Hate Sally nous ont fait part de leur projet et on a tout de suite trouvé que ce serait une bonne idée. De plus, on avait très hâte d’enregistrer d’autres chansons et de faire enttendre cela aux personnes qui viennent dans nos spectacles.

À quoi devons nous nous attendre de ce nouveau « split » avec I Hate Sally?

Musicalement, je dirais que c’est une belle continuité de « If liberty » et Thanatopolicy. Certes, c’est un peu plus technique et travaillé, mais en même temps il s’agit d’un trois tubes de GFK beaucoup plus agressif. De plus, il s’agit d’un bon indicateur du prochain album de GFK à paraître. D’ailleurs, nous travaillons fort là-dessus ces jours-ci. Quant aux chansons d’I Hate Sally, elles sont très bonnes. Ils ont vraiment une sonorité particulière et innovatrice.

Au niveau de nos textes, je dirais qu’ils sont un peu moins théoriques si on les compare aux autres albums de GFK. En effet, il y avait des sujets qui me faisaient enrager et que je devais aborder de façon plus pratique et directe. Ainsi, on y traite de l’individualisation et de la dépolitisation grandissante de la population (ce qui inclut évidemment les groupes de musique). Il y a certainement des gens et des groupes qui abordent de tels sujets de manière originale, mais il n’y en aura jamais assez. Il y a une sorte de je-m’en-foutisme qui est en train de se généraliser et il faut absolument remédier à cette situation.

Également, on parle de la façon dont l’éducation est de plus en plus instrumentalisée en fonction des besoins des industries (ex : compagnies pharmaceutiques) et comment elle est en voie de devenir malheureusement très élitiste. Par exemple, nous ne pouvons pas concevoir que l’Université, notamment, soit exponentiellement réservée aux gens dont les parents sont davantage fortunés. Je pourrais bien faire comme plusieurs personnes qui ont terminé ou qui achèvent leurs études et m’en foutre, mais cela demeure inconcevable pour moi. Il faut que l’éducation demeure critique, de qualité et abordable pour tous. Je suis bien conscient que nos chansons pèsent pour peu dans la balance, mais je me dis toujours que chaque petite action compte.

Y a-t-il d’autres tournées ou projets à venir afin de promouvoir le « split » avec I Hate Sally?

Étant donné que je vais avoir un enfant très bientôt, j’en ai parlé avec le groupe et nous avons choisi d’éviter de partir pour de longues périodes cet hiver. Il s’agit d’un événement que je ne veux pas manquer pour rien au monde. Toutefois, nous regardons activement pour effectuer des dates avec I Hate Sally ce printemps et cet été. Des plans avec Never more than less sont également sur la table. Une chose est certaine, on a tous hâte de se retrouver sur la route pour de nouvelles aventures!!! Pour l’instant, nous faisons quand même quelques spectacles à travers le Québec afin de promouvoir ce split et voir un peu de pays.

Pourquoi s’être tourné vers Underground Opérations plutôt que de rester sous l’étiquette G7 Welcoming Committee?

Nous sommes toujours avec G7 Welcoming Committee. Il s’agit seulement d’un projet qui nous a été présenté par I Hate Sally et les gens d’Underground Operations. Par contre, puisque G7 Welcoming Committee a pris la décision de sortir ses prochains cd seulement de façon digitale, il se peut que nous options pour un release digital avec G7 et une sortie sur cd avec un autre label. Le tout reste donc à confirmer.

Qui a choisi le design de la pochette de l’album avec I Hate Sally? Pourquoi avoir choisi les couleurs pastels?

I Hate Sally et Underground Operations nous ont soumis trois idées de pochettes. Comme nous ne voulions pas trop nous imposer, nous leur avons dit que nous préférions les deux autres choix, mais que les trois idées de pochettes nous satisfaisaient. Finalement, ceux-ci ont opté pour le design avec des couleurs pastels. Au début, je dois avouer que j’avais un peu de difficulté à l’apprécier pleinement, mais avec un peu de recul, je crois que cela fait changement de nos autres albums et c’est peut-être mieux ainsi. Par ailleurs, les illustrations choisies ne laissent pas indifférentes et celles-ci sont très évocatrices des thèmes qui sont abordés dans l’album.

Vous dites sur votre site officiel (www.gfkhardcore.com) que votre dernière tournée avec Propagandhi a été votre meilleure tournée a vie, quels sont selon vous les ingrédients d’une tournée réussie?

Pour nous, ce n’est pas très compliqué. Nous voulons, si possible, des spectacles à tous les soirs, un endroit pour stationner notre véhicule et des gens sympathiques à rencontrer.

Toutefois, dans le cas de la tournée avec Propagandhi, nous ne pouvons pas nier qu’il a été très plaisant de jouer avec des groupes aussi formidables (ex : Hiretsukan de New York), de faire des spectacles « sold out » de façon quotidienne, d’avoir de la nourriture et de l’hébergement gratuit…. La réaction des gens lors de cette tournée a été incroyable, nous avons visité des coins de pays tellement beaux (ex : Denver), nous sommes allés voir un match des Rockies du Colorado tout le groupe ensemble, on a joué au hockey à plusieurs reprises avec les autres groupes, la température était parfaite, les distances entre les spectacles étaient raisonnables…

Parlant de tournée, vous avez récemment renoué avec le No Sobriety Tour en compagnie de Never More than Less et Serenity In Silence, la rumeur veut que cette tournée en était une bien arrosée. Vous en avez gardé des séquelles?

Pour GFK, ce fut une très bonne manière de sortir de notre routine et de notre processus de composition. On a tellement eu de plaisir. Le tout s’est fait avec des amis et des groupes extraordinaires. Nous avons eu la chance notamment de découvrir un excellent groupe de Québec, soit the Whole Week (d’ailleurs, nous faisons un spectacle avec eux et Serenity in silence au Dagobert le 5 mars prochain. Soyez-y mesdames, messieurs!!!). Quant aux séquelles, je ne crois pas vraiment. Cependant, je pense que la tournée a été un peu plus difficile pour certaines personnes qui ont semblé abuser carrément des bonnes choses (ex : Dance Laury Dance). Cela dit, il faudra assurément répéter l’expérience l’an prochain.

Depuis 1996, plusieurs changements de personnel ont eu lieu au sein du groupe, l’alignement actuel de GFK est-il définitif?

C’est toujours assez difficile à dire. On ne peut pas contrôler le fait que les gens choisissent de partir travailler ailleurs, de s’occuper de leurs bambins, de poursuivre plus assidûment leurs études, etc. Toutefois, Michael et Rémy sont là depuis très longtemps et paraissent plus motivés que jamais. Pour ce qui est de Rick et Claude, ceux-ci sont en quelques sortes une bougie d’allumage pour le groupe et semblent toujours partant pour de nouveaux défis. Ainsi, j’ose espérer que cette aventure va perdurer encore longtemps…

Contrairement à la majorité des groupes, underground ou non, vous avez fait le choix de ne pas paraître sur des sites tels que Myspace.com ou Facebook.com. Pourquoi?

Il est certain qu’il y a des choses contre lesquelles je m’insurge beaucoup plus. Pourtant, il y a quelques éléments qui me dérangent avec ces sites.

Par exemple, au niveau plus politique, il y a le fait que ces sites appartiennent souvent à d’immenses compagnies dont les idéologies sont très conservatrices. Dans le cas de myspace et facebook, cela n’est pas sans conséquence. Ces corporations facilitent la transmission d’information pour le compte de compagnies privées (ex : campagne de publicité ciblée) et de diverses entités gouvernementales. À mon sens, sans tomber dans les théories de conspiration, je n’apprécie pas le fait que ces sites accordent dorénavant un accès aussi privilégié à tant de données sur des mouvements de contestation par exemple (ex : qui sont les membres, où vivent-ils, etc.). Il est évident que ces mouvements peuvent ainsi rejoindre davantage de gens, mais il y a évidemment des effets pervers à cela.

Puis, je suis peut-être rendu un vieux grincheux, mais je crois encore que la qualité d’un groupe se mesure à son talent, aux efforts qu’il déploie et à sa présence sur scène plutôt qu’au nombre d’amis myspace qu’il a. Les groupes gaspillent tellement de temps à augmenter une telle liste au lieu de s’occuper de leur band de façon beaucoup plus constructive. Quand l’argument poids utilisé par une compagnie de disque pour te faire acheter un de leur cd est de te dire que tel groupe a plus de 40 000 amis myspace, on peut voir à quel point l’industrie de la musique est devenue ridicule et désespérée. Il est évident qu’il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier et que ces sites n’ont pas que des mauvais côtés. Par contre, je vis très bien sans que GFK fasse partie de myspace ou facebook. Notre absence sur ce genre de sites ne nous a jamais empêché de faire ce qu’on aime; c’est-à-dire de la musique et des spectacles.

Sur une note beaucoup plus personnelle, comment le leader d’une formation hardcore aussi active que GFK arrive à concilier l’arrivée imminente d’un enfant, la vie de couple, les études au doctorat en anthropologie et les exigences de son band?

Malheureusement, je suis forcé de dire que le prix de tout cela est de ne pas pouvoir réaliser pleinement tout ce que je voudrais faire. Par exemple, les membres de mon groupe démontrent une patience exemplaire car je vais pratiquer de 0 à 3 fois par mois, je vois très rarement ma famille, je néglige trop souvent les gens qui m’entourent, etc. Par contre, il s’agit d’un choix que j’ai fait et je vais tenter de l’assumer le plus longtemps possible. Or, avec l’arrivée du bébé (celui-ci se nommera Étienne principalement en l’honneur du percussionniste de Mute), j’imagine qu’il faudra inévitablement encore plus d’organisation. Comme c’est tout nouveau, je ne sais pas encore comme cela va aller. Par contre, des groupes comme Map ou Eric Panic sont des exemples vivants que l’on peut arriver à concilier tout cela passablement bien.

Est-ce que le fait que votre guitariste Rémy Verreault ait maintenant son propre studio d’enregistrement change la dynamique de composition au sein du groupe?

Premièrement, je dois avouer que c’est la première fois de ma vie que je suis totalement à l’aise en studio. Rémy est rendu vraiment excellent. Il utilise des techniques qui sauvent énormément de temps et cela nous enlève beaucoup de pression. De plus, puisque l’on a ce studio à proximité, il est dorénavant possible de faire davantage de pré-production et d’éviter de réaliser les erreurs trop tard. Enfin, étant donné qu’il joue lui-même dans le groupe, je crois que l’on ne pourrait jamais avoir une telle implication et patience dans un autre studio.

Profitons-en alors pour dire aux gens d’aller enregistrer au studio le Click (studioleclick@hotmail.com).

Après avoir été actif au cours des 12 dernières années au sein de la scène québécoise, que remarquez-vous quant à son état actuel? Est-elle en santé? Y a-t-il eu d’importantes modifications?

Une chose est certaine, les nouveaux groupes qui se forment aujourd’hui sont très talentueux. On n’a qu’à penser à des groupes dont The hunters, Think twice et Our mexican butcher pour saisir qu’il y a beaucoup de talent au Québec. Toutefois, j’ai l’impression que les gens s’intéressent de moins en moins à la scène locale. Il s’agit certainement d’un sujet redondant, mais les assistances dans les spectacles ont vraiment diminué, même pour les plus gros bands de l’extérieur. J’espère que cela sera seulement une courte phase.

De plus, il me semble que trop de groupes attendent après un label ou une compagnie de booking pour bouger de nos jours. Il faut sortir de cette logique du succès instantané sans effort. À ce sujet, pratiquement tous les bands, qui tournent actuellement sans cesse, ont d’abord travaillé très dur pour sortir de leur coin de pays. I Hate Sally en est une très belle preuve.

En terminant sur une note plus légère, il est écrit sur votre site web que malgré les bonnes conditions dans lesquelles vous avez tourné avec Propagandhi, Rick a trouvé le moyen de dormir dans un garde robe, vous pouvez élaborer sur le sujet?

Je pourrais dire d’entrée de jeu que si jamais vous avez la chance de discuter avec Rick, c’est toute une expérience et vous n’allez pas le regretter. Il est sans aucun doute l’un des gars les plus drôles sur la terre. Pour ce qui est de l’histoire du garde-robe, dans n’importe quel après-show, il faut garder un œil sur Rick afin de ne pas le perdre (nous l’avons promis à ses parents). Or, cette soirée-là, on a perdu sa trace deux fois. En premier lieu, nous l’avons retrouvé seul dans un bar Karaoké. Quelques heures plus tard, cela faisait encore un bon moment qu’on le cherchait, on a crié à plusieurs reprises son nom, fait le tour du motel pour se rendre compte qu’il dormait paisiblement et passionnément avec une planche à repasser dans la garde-robe. Malgré le fait que je l’avais cherché pendant si longtemps pour une deuxième fois, la situation était tellement cocasse que je ne pouvais pas demeurer fâché contre lui. Vive le loup de Stoneham!!!

À propos

  • Région:
    Québec
    Ville:
    Québec
  • Style de musique:
    Hardcore & Métal
    Actif depuis:
    1996
    Maison de disques:
    G7 Welcoming Committee
  • Membres

    Jessy Baron -
    vocals
    Rick Pelletier -
    drums
    Remy Verreault -
    guitar/vocals
    Mike Beaudoin -
    guitar
    Claude Gallant -
    bass/vocals
  • Site officiel:
    www.gfkhardcore.com
    Courriel:

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